Röbi Hari, chasseur de... balles de golf!
Plongeur-ramasseur de balles de golf professionnel, le Bernois Röbi Hari écume les étangs des parcours helvétiques où gît un véritable trésor. Dans le fond, il y a des ronds!
Pas besoin de s’appeler Tiger Woods ou Alex Noren, l’une des stars du prochain Omega European Masters de Crans-Montana (du 7 au 10 septembre), pour faire fortune au golf. Etre motivé par un job original et avoir de la suite dans les idées suffisent. La preuve par Röbi Hari, Bernois d’Adelboden, honnête golfeur (25 de handicap) et moniteur de plongée. «Un jour que je faisais un parcours, à Thoune, une de mes balles a filé dans un étang. Je ne l’ai pas retrouvée. Cela m’a rendu fou. Je me suis dit: «Demain, je reviens avec ma combi et mon matériel de plongée et je vais la chercher.» Mais je ne l’ai jamais retrouvée. En revanche, j’en ai repêché énormément d’autres.» C’est le déclic. Propriétaire d’un magasin de sport, Röbi sait qu’une balle de golf coûte entre 2 et 10 francs. Et qu’il s’en perd, tenez-vous bien, 400 millions par année dans le monde, dont une infime mais non négligeable partie en Suisse. Le compte est bon.
A la brosse à dents
Röbi paie en balles son «permis de pêche» aux clubs et repart à chaque fois avec son filet lourdement chargé après une trentaine de minutes passées à fouiller les eaux boueuses. «D’une certaine façon, j’élimine leurs déchets», justifie notre plongeur, avec plus de dérision que de conviction. Arrivé à la maison, il jette sa pêche miraculeuse dans sa machine à laver puis donne un dernier coup de lustre à la brosse à dents. «C’est du job, mais ça rapporte assez gros», concède-t-il, visiblement content de lui. Combien? «C’est secret», s’esclaffe l’attraction des parcours, avant de livrer un bref calcul. «Je plonge deux fois par mois et je ramène jusqu’à 1000 balles par jour.» Revendues sur l’internet ou dans son magasin entre 20 ct. et 2 fr. 50 pièce, ça fait quand même du pognon, dirait Christian Constantin. D’autant plus que son surprenant manège dure depuis une douzaine d’années. «Mais pas mal de balles sont irrécupérables. Ou ne servent que pour l’entraînement», s’empresse-t-il de préciser. «Il arrive que je remonte d’autres choses. Des parapluies et même un sac complet une fois. Sûrement quelqu’un de si frustré qu’il a tout balancé au lac!»
La cinquantaine rugissante, Röbi a sa carrière devant lui. «Je peux le faire encore une bonne dizaine d’années», jauge-t-il, même si les petites balles ne sont pas toujours aussi cousues de fil blanc qu’on l’imagine. «Un jour, à Zurich, un joueur m’a insulté et s’est montré si agressif que j’ai dû quitter les lieux. Il ne voulait pas aller chercher ses balles dans l’eau mais ne trouvait pas normal que je le fasse. Il faut de tout pour faire un monde», rigole le solide gaillard. L’hiver, le Bernois troque sa combinaison de plongée contre celle de ski. «Je donne des cours. C’est moins drôle mais ça nourrit son homme pendant que les parcours de golf sont moins fréquentés.» De l’eau, de la boue et de la neige. A chacun sa recette du succès…